Découpe-moi des contes !

Clémentine Sourdais nous partage sa fascination pour un patrimoine littéraire transmis de bouche à oreille pendant plusieurs siècles et fixé à l’écrit par Charles Perrault. A travers ses trois livres en accordéon, elle illustre les histoires les plus connues de l’auteur. Ce patrimoine littéraire, Clémentine Sourdais nous le restitue à la lumière de son propre héritage : pliages, découpages, tracés autant de gestes qui rappellent le travail de la haute couture, hérités de sa grand-mère, ancienne couturière dans les ateliers de Nina Ricci. Le conte se détoure, l’ouvrage se fait dentelle.

Trois livres-objets, trois sculptures de papier qui font travailler l’imaginaire de l’enfant : un livre que l’on peut utiliser comme un rempart de papier, comme une frise que l’on déroule de face comme de dos… La  complexité de la découpe impose au dessin un minimalisme, basé sur des formes simples et géométriques. La sobriété de l’illustration et la minutie de la découpe, font naître la symbolique : les formes arrondies renvoient à la douceur, les angles au piquant.  Le choix par l’artiste de la « non-couleur » (blanc, noir et gris) associé à l’unique couleur référentielle de chacun des récits, finalise ce travail sur la symbolique. Le rouge en référence à la couleur du chaperon, du sang, de la violence du loup. Le jaune en écho aux épis de blé, la luminosité du soleil et l’ascension du marquis. Le bleu renvoyant à la peur, la mort, la froideur et la couleur de la Barbe bleue.

Le travail artistique de Clémentine Sourdais découle aussi d’une réflexion sur le théâtre. Cette native d’Avignon a été immergée très jeune, par l’intermédiaire de sa famille dans le théâtre, à l’occasion du festival de sa ville. Plus tard, sa rencontre avec l’œuvre de Boltanski sur le petit théâtre d’ombres, va lui permettre de mûrir sa démarche et ses réflexions. Sa création prend sa forme première dans un mini-livre-objet réalisé lors du concours organisé en vue d’une exposition sur le thème du mini-livre par le musée de l’imprimerie de Lyon. Clémentine en deviendra lauréate.

Ses jeux de découpe, de lumière, révèlent des ombres à travers ces sculptures de papier, qui sont projetés ou déformés, à l’image de la représentation inconsciente de nos peurs et de nos désirs.

Si le texte met en scène les peurs de manière symbolique, l’illustration de Clémentine Sourdais permet à l’enfant de les matérialiser pour l’aider à les dompter, à s’en jouer (s’enjouer !) pour mieux les mettre à distance.

Un bonheur d’exposition pour déambuler en mots et en pas à l’intérieur des trois récits.

Une exposition partageable en 3.