Gros cornichon

Qui, étant enfant, n’a jamais eu peur de ce personnage que l’on n’ose pas nommer, et que l’on imagine tapi sous son lit, dans l’armoire ou derrière la porte qui grince ? Un drôle d’énergumène à la mine féroce, muni de dents pointues, de cornes dressées et de pattes griffues, dont la présence redoutée, vient attiser la peur du noir, alimenter l’inquiétude provoquée et nourrir les plus folles angoisses ! Comment faire pour lutter contre l’intime conviction que celui-ci existe véritablement ? Comment faire pour échapper à la certitude qu’il nous veut du mal et qu’il a pour seule volonté de vouloir nous manger tout cru ?

Edouard Manceau invite par son récit répétitif, le jeune lecteur à réduire petit à petit la toute puissante de ce monstre, en lui faisant perdre un a un tous ses attributs menaçants qui, comme par enchantement, se reconstruisent en un paysage familier et rassurant. L’auteur propose aussi à l’enfant de le tourner en dérision en l’appelant par le nom aigre doux de “gros cornichon”, histoire de lui faire perdre toute crédibilité…

L’exposition permet aux jeunes visiteurs de voir, planche après planche, la mutation de la bête, grâce à la présentation de l’ensemble des illustrations. Le travail d’encadrement met en valeur les couleurs vives des éléments par le choix de la réhausse du fond noir.

Elle leur propose aussi de s’amuser, grâce à différents jeux, dont une très grande recontitution en bois du personnage de gros cornichon, faite d’une série de pièces de bois peintes. L’occasion rêvée de le manipuler, de le déconstruire, de le remonter et même de lui trouver une autre identité plus ridicule encore… 

Enfin, elle les convie à rire en regardant le film d’animation spécialement conçu et créé à partir des dessins de l’illustrateur pour la circonstance. Une occasion de comprendre la cocasserie de l’enchainement des situations et de mettre à distance par l’humour, l’impact de la croyance en la figure du monstre, histoire de dire fermement : “Mais tu ne me fais pas peur, gros cornichon ! “